Simone Veil, une femme de combat et de courage
- Romain G. (lycéen)
- 5 juil. 2017
- 4 min de lecture
Vendredi 30 Juillet, Simone Veil nous a malheureusement quittés, alors âgée de 89 ans. Mais la France ne l’oubliera pas. Cette femme au parcours exceptionnel, semé d’embuches et de malheurs, a toujours réussi à surmonter les épreuves de sa vie grâce à un courage et une volonté sans limite.

Une enfance particulière qui la marque jusqu'à la fin de sa vie
Simone Jacob est née en 1927 dans une famille très modeste originaire de Lorraine, elle a deux sœurs et un frère. Sa famille de religion juive connaîtra une épreuve particulièrement difficile en 1942 : la déportation. Les femmes de la famille sont déportées à Auschwitz Birkenau, le camp de la mort, et les deux hommes de la famille en Lituanie. Cette séparation forcée marque à jamais Simone, cela reste la dernière image qu’elle a de son père et de son frère. Au camp, les conditions de vie sont atroces et permettent ainsi au typhus de se propager. Sa mère Yvonne meurt de cette maladie en 1945. Simone Jacob essayent de survivre accompagnée de son amie Marceline Rosenberg. La Shoah et ses conséquences dévastatrices, indicibles tant l’horreur est grande, resteront gravées dans sa mémoire. Son parcours se révèle être encore plus exceptionnel et méritant en connaissant les traumatismes de son passé. Très peu de personnes auraient eu la capacité de se relever après de tels malheurs.
Des premiers pas dans la magistrature...
Après la Libération, elle rentre en France, accompagnée de ses deux sœurs et obtient sa licence de droit et son diplôme d’institut politique. Elle y rencontre Antoine Veil avec qui elle se marie et a trois garçons : Jean, prénom de son frère décédé lors de la période nazie, Claude-Nicolas et Pierre-François. Grâce à ses études, elle devient magistrat et accède même au secrétariat du Conseil Supérieur de la Magistrature en 1970 ! Un symbole puisqu’elle fut la première femme à obtenir un poste aussi prestigieux.
... à la politique nationale...

Alors que Valéry Giscard d’Estaing est élu Président de la République, Jacques Chirac, proche de la famille Veil, est nommé Premier Ministre. Il souhaite que Simone Veil entre au gouvernement en tant que ministre de la Santé. Elle accepte et se retrouve seule au milieu d’un gouvernement majoritairement masculin. Le Président de la République a à cœur le projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse et choisit Simone Veil pour mener ce projet jusqu’à l’Assemblée. Un choix décisif et qui se révèle être judicieux puisque la ministre le défend avec force et conviction jusqu’au bout alors qu’elle est attaquée de toute part, jusqu’à l’Assemblée Nationale, où elle est injuriée, maltraitée. Mais son courage et sa détermination sont plus fort et le 29 novembre 1974, le texte est voté. Simone Veil est donc le symbole d’une femme courageuse, combattante, qui cherche avant tout à aider la population, à progresser vers un avenir meilleur, à regarder vers le futur. Son discours d’ouverture devant le Parlement restera à jamais dans l’histoire, et particulièrement trois phrases qui montrent son engagement, son ouverture d’esprit, son écoute et son humanité : « Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame. ». Son âme de résistante et de combattante, qu’elle s’est forgée durant ses années au camp, lui servent à faire face aux députés conservateurs qui utilisent son passé pour la déstabiliser. De nombreux parallèles entre l’IVG et le nazisme, les camps de concentrations vont être faits, ce qui blesse la ministre qui combat tout de même avec ferveur son texte, car elle sait que cette loi peut sauver la vie de milliers de femmes. Elle cherche à servir l’intérêt général avant son intérêt personnel.
Une femme investie dans le devoir de mémoire et les Lettres Elle a par la suite la chance d’entrer au conseil constitutionnel en 1998 jusqu’en 2007. Durant la même période, de 2000 à 2007, elle est par ailleurs présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Encore une fois investie dans ce devoir de mémoire, elle tente de toucher les jeunes générations en leur parlant de son histoire personnelle. Elle retourne même à Auschwitz avec ses enfants et petits-enfants en 2004, accompagnée de journalistes pour médiatiser sa venue, ses réactions, son histoire, tandis ce que certains hommes politiques rejettent le passé de la Shoah…
Femme de lettre, passionnée d’art et de littérature, elle devient “Immortelle” en 2010 lorsqu’elle entre en tant que membre à l’Académie Française. Depuis quelques années, en raison de son état de santé déclinant et de la mort de son mari qui l’a profondément touchée et blessée, elle est sortie progressivement de la vie publique. Sa cote de popularité auprès des Français n’a cependant pas chuté… Le Panthéon pour Simone Veil !
Une femme moderne, indépendante, courageuse, une femme forte qui a fait l’honneur de la France et qui a permis à notre pays de progresser, de se moderniser nous a donc quittés mais son esprit d’ouverture aux autres, son humanité et les grands projets pour la paix, l’Europe, la Santé et le devoir de mémoire restent et resteront toujours ancrés dans notre société. C’est pour cela que deux pétitions ont circulé sur Internet depuis vendredi pour faire entrer Simone Veil au Panthéon, décision qui appartient au Président de la République Emmanuel Macron. Ses petites-filles avaient déjà réagi et trouvaient "touchant" l'attachement des Français pour cette grande dame. Cependant, la Panthéonisation aurait eu pour problème la séparation du couple pourtant uni. Le Président de la République a concilié les demandes des Français et de la famille et a décidé, à l'occasion de l'hommage national qui s'est déroulé le mercredi 5 juillet, qu'elle entrerait au Panthéon avec son mari Antoine Veil, accompagnée aussi et surtout de ses projets, de son état d’esprit et de ses valeurs, qui doivent nous inspirer, peut-être nous réorienter vers certains principes comme la paix et nous donner le courage de construire une Europe plus forte et plus unie. Une de ses déclarations doit nous amener à réfléchir sur notre situation dans le monde : “Venus de tous les continents, croyants et non-croyants, nous appartenons tous à la même planète, à la communauté des Hommes. Nous devons être vigilants et la défendre non seulement contre les forces de la nature qui la menacent, mais encore davantage contre la folie des Hommes”.
◙ Article proposé par Romain G.
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