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Macron livre sa vision, Philippe donne le ton

  • Corentin S.
  • 6 juil. 2017
  • 3 min de lecture

Que faut-il retenir du discours du Premier Ministre devant l’Assemblée Nationale, au lendemain du Congrès de Versailles ?

Le premier ministre, Edouard Philippe, lors du discours de politique générale devant l’Assemblée Nationale.

« Le président de la République doit fixer le sens du quinquennat. Il revient au premier ministre de lui donner corps », tels étaient les mots du président Macron pour justifier l’organisation du Congrès, à la veille du traditionnel discours de politique générale d’Edouard Philippe. Les deux discours, bien que radicalement opposés sur la forme, se sont montrés plutôt complémentaires sur le fond. M. Macron qui s’adonna volontiers au lyrisme à Versailles laissa place à un premier ministre beaucoup plus terre à terre, qui semble conscient des obligations qui lui incombent. La voix monocorde et le débit de parole élevé tout au long de la prise de parole, montrent un homme déterminé, qui ne se laisse pas distraire par les quelques 566 députés lui faisant face. Edouard Philippe s’est voulu plus concret et plus précis qu’Emmanuel Macron, comme le voulait le président.

Le premier ministre a souhaité faire écho au discours présidentiel de la veille en résumant le cap choisi par Emmanuel Macron dès les premières minutes de discours : « Dire la vérité, travailler avec ceux qui le souhaitent, obtenir des résultats ». Il se place ainsi dans la continuité de l’intervention du président, animé cependant par un désir d’approfondissement du programme. Il annonce le premier projet de loi qui se veut fort en symboles après une campagne présidentielle mouvementée ; la moralisation de la vie publique. Il justifie ce projet par la nécessité d’assainir la vie publique qui, selon lui, est la condition sine qua non pour retrouver la confiance des Français. S’ensuit l’annonce de la réorganisation du système judiciaire avec notamment la création de 15 000 nouvelles places de prison (mesure initialement entreprise par le gouvernement précédent). Le système de santé n’échappera pas non plus à la vague de modernisation macronienne puisqu’il sera question de changements profonds en ce qui concerne la sécurité sociale. Edouard Philippe définit clairement la santé publique comme préoccupation importante de son gouvernement ; le paquet de cigarettes passera progressivement à 10€ et certains vaccins deviendront obligatoires pour les jeunes enfants. La modernisation se traduit aussi par la volonté du gouvernement de garantir l’accès au très haut débit internet à tous les Français d’ici 2022 tout comme la création d’un « pass culture » pour les jeunes.

La levée de l’Etat d’urgence avant le 1er novembre ne signifie pas pour autant la fin de la lutte contre le terrorisme. Au contraire, cette-dernière devrait être facilitée par une justice plus rapide et plus efficace. La politique d’accueil des réfugiés sera également redéfinie plus clairement. M. Philippe annonce : « Accueillir oui, subir non. ». L’éducation est un thème défini comme prioritaire. En effet, le Baccalauréat sera sujet à une refonte conséquente qui entrera en vigueur à la rentrée 2021, il est notamment prévu que le contrôle continu occupe une place plus importante dans l’évaluation des lycéens.

La réforme du Code du travail, qui fait d’ores et déjà grand bruit, a aussi été évoquée par le premier ministre qui la définit comme nécessaire car « l’égalité des Français devant le travail est malmenée », la présidence Macron souhaite amener plus de flexibilité en matière d’emploi. Edouard Philippe fait part d’un engagement fort ; « le déficit sera réduit à moins de 3% [du PIB] dès 2017. » L’écologie occupera une place de choix au cours de ce quinquennat, la France se mettra sur la voie de la neutralité carbone qui devrait être atteinte d’ici à 2050. Selon le premier ministre il faudra également « réconcilier les Français avec l’Union Européenne », preuve en est que ce gouvernement entend bien faire de la France une puissance majeure de la scène politique européenne mais aussi internationale.

Avec ce discours d’à peine une heure et cinq minutes, Edouard Philippe aspire clairement à l’exhaustivité et à la précision. De nombreuses mesures à venir très importantes ont été annoncées et de nombreux détails (allant jusqu’au prix futur du paquet de cigarettes) ont été donnés. Ce gouvernement, parfois accusé de technocratie, a montré qu’il maîtrisait en effet de nombreux dossiers et qu’il était prêt à mener la lutte parlementaire. Ce combat pour faire accepter des lois plus ou moins populaires (comme la réforme du Code du travail attendue pour septembre) ne devrait pas être trop acharné puisque le gouvernement a reçu la pleine confiance de l’Assemblée (370 pour, 67 contre, 129 abstentions).

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