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Envois successifs de missiles nord-coréens et américains: une stratégie de défense ou d'attaque

  • Soline P.
  • 7 juil. 2017
  • 4 min de lecture

Dans la matinée du mercredi 5 juillet, la Corée du Sud et les États-Unis ont simulé une attaque de plusieurs missiles au large de la péninsule coréenne. Ils ont souhaité répondre, par la force, au tir d'un missile balistique exécuté la veille par la Corée du Nord dans le but d'adresser un avertissement aux Américains. Retour sur les événements qui ont menés les États-Unis et la Corée du Sud à procéder de la sorte, et qui a amené au Conseil de Sécurité des Nations Unies à se réunir d'urgence à New York.



Mardi 4 juillet, Independence Day aux États-Unis, la République populaire démocratique de Corée, nom officiel de la Corée du Nord, lançait un nouveau missile balistique intercontinental (ICBM) depuis son site proche de Banghyon, situé dans la province de Phyongan Nord, zone frontalière avec la Chine.

Quelques heures plus tard, la Corée du Nord affirmait avoir réussi son tir expérimental, supervisé par le leader lui-même Kim Jong-un, et précisait que le missile avait atteint 2,802 kilomètres d'altitude et parcouru 933 kilomètres, avant de tomber en mer du Japon.

Le missile aurait été tiré "en lob" pour monter très haut et redescendre "en cloche" et ainsi ne toucher aucune terre ; avec une telle poussée requise pour atteindre cette altitude, la portée de cet engin pourrait atteindre les 6,700 kilomètres de distance, soit trop peu pour atteindre tous les états américains, mais assez pour toucher l'Alaska ou encore l'archipel d'Hawaï.

Aux vues de cette performance, la Corée du Nord s'est qualifiée comme "une puissance nucléaire forte" dotée d'un "très puissant ICBM qui peut frapper à tout endroit du monde", bien que, pour l'instant, aucun des tirs effectués n'en ait encore prouvé la capacité.

La Corée du Nord n'en est pas à son premier essai : en effet, depuis début 2016, deux essais nucléaires ainsi que de multiples tests de missiles ont déjà été entrepris, malgré les résolutions internationales prises, entre autre, par les États-Unis et la Corée du Sud, qui visaient à interdire à la voisine de cette dernière de développer ses programmes balistiques et nucléaires.


"Les armes nucléaires en Corée du Nord sont un sujet diplomatique particulièrement tendu, notamment entre la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis." (www.wikipedia.fr). En effet, la Corée du Nord a fait partie du Traité sur la Non-Prolifération des armes nucléaires (TNP) jusqu'en 2003, où elle se retire. Malgré les mesures prises par le Japon, les États-Unis, la Russie et la Chine pour tenter d'apaiser la Corée du Nord sur son ambition à acquérir l'arme nucléaire, celle-ci procédait à son premier essai en 2006, trois ans après avoir quitté le TNP, puis à un autre en 2009, un en 2013 et deux en 2016. A ce jour, on compte un total de 5 essais nucléaires en 10 ans.

Le missile balistique de mardi n'était certes pas nucléaire, mais si l'on en croit Pyongyang, qui dispose déjà d'un petit stock de bombes atomiques, il pourrait le devenir, dans la mesure où celui-ci soutient que son nouveau missile peut porter "une grosse tête nucléaire". Mais pourquoi la Corée du Nord s'intéresse-t-elle à la bombe atomique ?


Selon l'agence sud-coréenne Yonhap, cette frappe viserait à adresser un "fort message d'avertissement" aux États-Unis. Ces derniers représenteraient une menace pour la dictature nord-coréenne du fait des 28,000 soldats américains déployés en Corée du Sud, à la frontière de la Corée du Nord, qui exerceraient une trop grosse pression. Ainsi, en se dotant de missiles intercontinentaux capables de porter le feu nucléaire sur le sol américain, tels que celui testé ce mardi, la Corée du Nord assurerait sa défense par un moyen de dissuasion.


La réaction de Donald Trump ne s'est pas faite attendre : en s'adressant au leader nord-coréen, le président des États-Unis a tweeté :

"La Corée du Nord vient de lancer un nouveau missile. Ce type n'a rien mieux à faire de sa vie? [...]". (4/7/2017)

Le même jour, il atteste que "le temps de la patience est révolue", sans donner plus de détails sur sa stratégie.


La veille encore, la Chine et la Russie appelaient à un double "moratoire", c'est-à-dire que Pyongyang cesserait ses tests et qu'en revanche Washington refuserait de riposter de manière militaire aux côtés de son allié sud-coréen. Par ailleurs, le président de Corée du Sud Moon Jae-in favorisait,lui aussi, non pas une intervention militaire mais un dialogue diplomate avec son voisin le dirigeant Kim Jong-un. Pourtant, en ce mercredi, il a au contraire "déclaré que la sérieuse provocation de la Corée du Nord nécessitait que nous réagissions avec davantage qu'un communiqué", selon Yonhap.


Suite à la provocation du dictateur Kim Jong-Un, qui a affirmé mercredi que le tir du ICBM la veille, autrement dit le jour de la fête nationale américaine, était un "cadeau" aux "salauds d'Américains", les États-Unis, ainsi que son alliée la Corée du Sud, ont envoyé plusieurs missiles au large de la péninsule coréenne. Pas de quoi favoriser une réconciliation entre les pays, dont les relatons sont d'ores et déjà conflictuelles.

Le Conseil de Sécurité de l'ONU s'est réuni d'urgence mercredi après-midi à New York pour discuter des mesures à prendre face à cette menace nord-coréenne, qualifiée "d'escalade militaire". Les Etats-Unis ont déclaré penser à des mesures "très sévères" et sont soutenus par la France, qui a elle aussi revendiqué "un durcissement et renforcement des sanctions" contre le régime communiste. Cependant, d'après l'ambassadeur russe Vladimir Safronkov, "tout le monde doit admettre que les sanctions ne vont pas résoudre le problème" ; avis partagé par la Chine, qui a aussitôt appelé à éviter "les discours et actes" susceptibles d'aggraver les tensions déjà très présentes au cœur de la péninsule coréenne. Ces pays disposant du droit de veto, tous deux ont déjà prévenu qu'ils le mettraient en application afin de contrer toute nouvelle sanction ou riposte militaire.

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