Le nucléaire, jusqu’à quand ?
- Margot T.
- 11 juil. 2017
- 4 min de lecture

source: L'Obs
Depuis Henri Becquerel en 1896, l’énergie nucléaire s’est développée de manière exponentielle jusqu’à devenir la principale source de production électrique française. Décrite comme énergie de l’avenir, elle fait pourtant l’objet de nombreux débats au vu des accidents et des scandales survenus en lien avec des centrales. Le gouvernement déclare vouloir réduire la dépendance de la France à cette énergie, est-ce suffisant et qu’en est-il alors ?

Cela fait moins de 100 ans que l’homme sait utiliser l’énergie nucléaire, celle-ci représente plus des trois quarts de la production électrique
en France. Fascinante et effrayante à la fois, c’est bien la même qui se trouve à l’origine des désastres de Nagasaki et nous permet en grande partie de chauffer nos foyers français. Mais comment cette énergie fonctionne-t-elle au juste ?
Il est question ici des réacteurs nucléaires, dont on retrouve en France pas moins de 58 exemplaires. L’électricité y est produite en leur cœur grâce à la chaleur dégagée par la fission d’un élément chimique hautement radioactif, l’atome d’uranium. Ce dernier, très lourd, possède un noyau capable de se scinder en deux autres plus petits lors d’une collision avec un neutron qui croiserait son chemin. Donnée par la fameuse équation d’Einstein : E=mc2, la quantité d’énergie libérée par cette réaction appelée fission nucléaire se révèle astronomique. Cephénomène fait l’objet d’une réaction en chaîne, puisqu’à chaque réaction sont libérés des neutrons qui vont à leur tour rencontrer d’autres noyaux d’uranium et ainsi de suite … Il est alors difficilement maîtrisable en dehors des réacteurs conçus à cet effet.

source: Larousse.fr
Avantages et inconvénients du procédé

source: Le Figaro
Le principal avantage de cette technique, outre sa puissance importante, serait sa faible émission de CO2. En effet, celle-ci est bien moins grande comparée à celle de ses concurrentes qui utilisent le charbon, le gaz naturel ou encore le pétrole. Les partisans du nucléaire le présentent donc comme une solution pour lutter contre le réchauffement climatique. Seulement, bien que cet argument reste considérable, de nombreux inconvénients doivent être pris en compte. Tout d’abord, les innombrables déchets toxiques générés, dont la prise en charge se révèle non seulement très onéreuse, mais surtout extrêmement complexe. Ils sont classés par degré de radioactivité et sont ensevelis dans des concepts de stockage plus ou moins profondément en fonction. Ils demeurent ainsi (radio)actifs de quelques jours à plus de 100 000 ans. Nous sommes à ce jour incapables d’éliminer ces déchets, qui en France se chiffrent à plus de 130 000 tonnes par an selon l’ANDRA (l’agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). D’autre part, la ressource essentielle des réacteurs, l’uranium, est déjà rare et limitée, la France doit en importer en grande quantité de pays lointains tels le Niger, ou le Kazakhstan. Mais n’omettons pas non plus le danger considérable que représente un accident au sein de ces installations, allant de pair avec celui encouru par les hommes et les femmes y travaillant. Si l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) opère des contrôles fréquents et soumet les installations nucléaires à une réglementation stricte afin de garantir la sécurité du personnel, et la préservation de l'environnement, l’assurance de ladite sécurité en ces circonstances représente un coût, lui aussi, non négligeable, que ce soit en matière d’entretiens, de remise aux normes, ou encore de vérifications. L’erreur dans ce domaine n’est pas permise et pourtant, malgré tous les efforts fournis, l’Histoire nous a montré que le risque zéro n’existe pas et la menace d’un incident regrettable plane en permanence sur nos têtes. Les désastres de ce genre ne sont malheureusement pas si exceptionnels qu’il n’y paraîtrait, et restent étrangement plutôt discrets… A tire d’exemple, en France, 17 ans avant Tchernobyl, 50 kilos d’uranium entrent en fusion dans le réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Saint-Laurent des Eaux, des centaines de personnes sont envoyées sur place pour nettoyer les lieux. Cette même centrale connaît un second incident du même genre en 1980, avec cette fois-ci plus de 500 personnes concernées - Accidents se classant tous deux au niveau 4 de l’échelle INES (Echelle Internationale des Evènements Nucléaires), tandis que Tchernobyl, lui, se situe au septième. Aujourd’hui de nouveaux facteurs imprévisibles tels que la menace terroriste peuvent s’ajouter à la liste des potentielles causes d’explosion de réacteur. Si un avion détourné ou autre venait à percuter une centrale nucléaire, les conséquences ne seraient pas de l’ordre de l’imaginable. Devons-nous attendre que l’irréparable se produise ? Est-il seulement envisageable d’en prendre le risque ? Nous sommes encore loin de mesurer l’ampleur des dégâts causés par les radiations sur les organismes et l’environnement.
Alors? Pour, ou contre?

Certains songent ainsi à sortir au plus tôt du nucléaire en privilégiant l’économie de l’énergie qui se trouve largement à notre portée et en s’appuyant sur les énergies renouvelables. Selon le sondage Louis Harris de 2007, 78 % des français seraient favorables à quitter le nucléaire pour les énergies renouvelables. Pourtant nous persistons. D’ici 2025, le gouvernement promet une diminution de 50 % de la part du nucléaire. Cependant, de nouveaux réacteurs appelés EPR sont planifiés par EDF afin de prendre la relève de ceux arrivant à terme. Ils reposeraient sur le principe de la fusion nucléaire, s’appuyant sur celle ayant lieu au cœur du soleil. 35 réacteurs EPR pourraient alors être en fonctionnement dans la France de 2070. Mais ceux-ci seraient également source de déchets nocifs et sujets à des risques d’accidents.
source : non-au-nucléaire
Des alternatives existent, à nous de faire le nécessaire pour leur donner une chance
Pendant ce temps les énergies solaire, éolienne, hydraulique, géothermique, ou encore de la biomasse sont porteuses d’avenir et, si nous daignons les développer suffisamment, pourraient à terme subvenir à l’ensemble des besoins en énergie de l’humanité. Encore faudrait-il le souhaiter.
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