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Elections dans le sang au Venezuela

  • Corentin S.
  • 4 août 2017
  • 3 min de lecture

Alors que le président Maduro est accusé par l’opposition de vouloir prendre les pleins pouvoirs, les électeurs vénézuéliens étaient appelés aux urnes ce dimanche 30 juillet pour élire l’Assemblée constituante chargée de sortir le pays de l’impasse dans laquelle il se trouve. Ce scrutin fut très largement boycotté. Pour l’opposition, il s’agirait d’une diversion de Maduro pour camoufler un coup d’état. De nombreux affrontements ont eu lieu dans la rue causant la mort d’au moins quinze personnes en ce seul week-end d’élections. Comment le Venezuela en est-il arrivé à cette situation de quasi guerre civile ?

En 1999, Hugo Chavez est élu à la tête du Venezuela alors très pauvre. Il lance une vaste campagne d’investissements dans les services publics et s’engage à redistribuer les richesses plus équitablement. Il créa ainsi un modèle politique encore mis en avant de nos jours par de nombreux partis inscrits à gauche partout dans le monde. Hugo Chavez aspira à éradiquer la pauvreté dans son pays, objectif qu’il atteindra en partie avec une chute spectaculaire du taux de pauvreté de 50 % entre 2003 et 2011 mais également avec une baisse du chômage et de la malnutrition ainsi qu’avec de considérables améliorations dans les domaines de l’éducation et de la santé.

A la mort de Chavez le 5 mars 2013, Nicolas Maduro est élu président. Les deux hommes sont issus du même parti politique, le parti socialiste unifié du Venezuela. Maduro mise beaucoup sur l’exploitation pétrolière qui devient un pilier de l’économie du pays. Avec la chute du prix du baril de pétrole ces dernières années, le pays a vécu une crise économique sans précédent qui n’a pas tardé à se transformer en crise sociale et politique plus récemment. Maduro est en effet accusé de dictature par l’opposition. En 2015, les élections législatives voient parvenir au parlement une majorité issue de l’opposition. Cette dernière exige des élections anticipées pour évincer l’actuel président mais elles n’auront jamais lieu. La cour suprême, considérée comme favorable au président Maduro, décida le 30 mars de s’arroger les pouvoirs du Parlement et de priver les députés de leur immunité. Cette décision marqua le début des contestations quasi quotidiennes si bien que la cour suprême reviendra sur sa décision le lendemain. Cependant, le coup d’état est dénoncé par l’opposition et le peuple est déjà dans la rue. Maduro est malgré tout soutenu par une large part de la population ainsi que par les forces de l’ordre et les militaires. Les manifestations sont fréquemment réprimées dans le sang. On dénombre environ 130 morts depuis le mois d’avril, la plupart d’entre eux étant tués par balles, par des gendarmes ou par les groupes paramilitaires pro-Maduro tolérés par le gouvernement comme les Colectivos.

La situation au Venezuela est donc extrêmement préoccupante d’autant plus que Maduro semble déterminé à mener à terme sa prise de pouvoirs, il indique que : « cette Constituante est destinée à ramener l’ordre, à faire justice et à défendre la paix. [Les opposants] vont poursuivre leur folie, mais ils s’éteindront progressivement. Certains d’entre eux finiront en prison. ». La plupart des pays d’Amérique du Sud ont déjà indiqué qu’ils ne reconnaitraient pas cette Assemblée constituante mais la communauté internationale reste pour le moment globalement passive. Dès lors, beaucoup s’interrogent sur le tribut que la population vénézuélienne devra payer avant que des sanctions internationales concrètes ne soient décidées.

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