Le blob, cette créature stupéfiante
- Margot T.
- 7 août 2017
- 3 min de lecture
Répondant au doux nom de Physarum polycephalum, le blob, un organisme tout à fait unique en son genre, n’en finit pas d’anéantir toutes nos certitudes en matière de biologie.

Source: cite-sciences.fr
Cet être étonnant serait apparu sur Terre il y a environ 500 millions d’années, mais a seulement été découvert au Texas durant le siècle dernier. Une femme faisait l’état d’une énorme masse jaune canari trônant au fond de son jardin et, persuadée d’avoir affaire à un alien malveillant, elle en appela aux autorités locales qui n’ont pas hésité à tirer sur la menace ainsi qu’à y mettre le feu. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque la malheureuse américaine découvrit le lendemain matin que le monstre, ayant doublé de volume, occupait toujours son terrain, et ce dans une forme olympique.
D’un physique proche de l’œuf mimosa, cet organisme se révèle en effet presque immortel, résistant au feu comme à l’eau, ainsi qu’à la scission. Il possède un potentiel de cicatrisation d’environ deux minutes, et les seules conditions qu’il craint sont la lumière et la faim. S’il se retrouve en position d’inconfort, il se met à sécher pour former un sclérote. Capable de rester dans cet état des années durant, il lui suffit ensuite de se réhydrater lorsque le contexte s’avère plus clément. D’autre part, en cas de proximité avec un autre blob dit « compatible », il peut fusionner avec ce dernier et ainsi partager ses acquis, à l’inverse, s’il est découpé, ou divisé, il formera deux entités identiques et indépendantes.
Autres particularités, le blob n’est ni un animal, ni une plante, ni même un champignon. Il regroupe pourtant des caractéristiques des trois catégories simultanément et de ce fait, les scientifiques ont décidé de le classer parmi les protistes, ces êtres vivants unicellulaires à noyau distinct. Le blob ne se constitue en effet que d’une seule et unique cellule géante comptant plusieurs milliers de noyaux et peut occuper des surfaces de près de 10 m2, voire plus. Mais sa croissance se révèle également exponentielle, il peut en effet, si les conditions s’y prêtent, doubler sa surface en une journée.

Source: lexpress.fr
Mais pas d’inquiétude, sa seule préoccupation reste de s’étendre afin de trouver de quoi contenter son appétit vorace. Dans la nature et plus précisément dans les sous-bois où il vit, il fait des champignons sur son passage ses principales victimes, tandis qu’en laboratoire, il sait se satisfaire des flocons d’avoines prodigués par les chercheurs. Ce protiste se déplace donc à une vitesse de pointe d’un centimètre par heure et jusqu’à quatre centimètres par heure s’il est affamé. Pour ce qui est de sa reproduction, elle se base sur la propagation de spores comme pour les champignons, mais la singularité réside ailleurs, il n’est pas question d’une simple binarité de sexes tels mâle ou femelle ou encore d’hermaphrodisme, trop évident bien sûr… Un blob peut prendre plusieurs centaines de sexes différents, ce qui n’est pas sans optimiser considérablement les chances de reproduction.
Comme si cela ne suffisait pas, il semble être doté d’une certaine forme d’intelligence malgré son absence de système nerveux et de cerveau. Capable de résoudre des problèmes simples tels que sortir d’un labyrinthe, il semble également pouvoir apprendre et transmettre ses connaissances. La scientifique française Audrey Dussutour a même réussi à montrer que ces individus font preuve d’une sorte de personnalité propre, certains plus timides, d’autres curieux ou encore capricieux, leur comportement diffère. Des chercheurs japonais ont eu l’idée de tester les capacités de l’organisme en recréant une carte du Japon miniature, sur laquelle ils ont disposé des petits tas de flocons d’avoine correspondant aux diverses agglomérations de l’île. Ils ont ensuite déposé leur champion sur le tas de Tokyo et l’ont laissé travailler. En près de 24 heures, le blob avait relié toutes les villes entre elles de manière bien plus efficace que le réseau ferroviaire érigé par les ingénieurs japonais eux-mêmes en l’espace de 50 ans. Incroyable, n’est-ce pas ? Cet être visqueux, de par ses nombreuses particularités, remet constamment en question les fondements de la biologie et permet de mieux comprendre les mécanismes du vivant. Quelles surprises nous réserve-t-il encore ? La science demeure et demeurera toujours mystérieuse et c’est tant mieux, nous n’en aurons jamais fini d’apprendre !
Si ce sujet vous intéresse :
https://vk.com/video258326750_456240240
Comments