top of page

Fräulein Else, d’Arthur Schnitzler : entre dignité sauve et folie furieuse, il n’y a qu’un pas...

  • Susie G.
  • 13 sept. 2017
  • 3 min de lecture

Germanistes ou amateurs de littérature de tout poil, voici un livre qui pourrait vous intéresser !

Résumé de l’action

L’action se déroule dans une station thermale italienne, avant 1900, plus précisément sous la « k und k Monarchie », c’est-à-dire la monarchie impériale et royale (respectivement « kaiserlich » et « königlich ») d’Autriche-Hongrie, où Arthur Schnitzler, l’auteur de la nouvelle, a grandi. Fräulein Else, ou Mademoiselle Else en français, est la fille d’un avocat viennois. Elle séjourne en vacances dans un hôtel huppé du Tyrol du Sud aux côtés de sa tante Emma et de son cousin Paul. Tout commence par une partie de tennis, qu’Else abandonne pour rentrer à l’hôtel. Elle rencontre sur le chemin Herr von Dorsday, un riche marchand d’œuvres d’art, s’entretient un moment avec lui, puis tombe sur le portier de l’hôtel. Celui-ci lui transmet une lettre expresse de sa mère, lui annonçant que son père s’était endetté en perdant au jeu de l’argent qui ne lui appartenait pas. La somme n’est pas négligeable : il s’agit en effet de 30 000 florins (gulden). La mère exige alors de la fille que cette dernière demande à Dorsday, bon ami de la famille, un prêt de 30 000 florins. Si cet argent n’arrive pas avant mardi midi (autrement dit, le surlendemain) dans les mains du notaire Fiala, la famille est perdue. Toute la responsabilité retombe sur les maigres épaules de la jeune fille de 19 ans. Attachée à son père et au salut de sa famille, elle se confie à Dorsday et lui demande la somme. Ce dernier pose cependant une contrepartie : il donnerait l’argent en échange d’un quart d’heure de contemplation d’Else, nue.

Peu à peu, Else sombre dans la folie. Cette condition est contraire aux bonnes mœurs et équivaudrait à de la prostitution; pour autant, si elle ne la remplit pas, son père et sa famille sont perdus. Le dilemme est cornélien entre sa dignité et le rétablissement de la situation familiale. Notre protagoniste change perpétuellement d'avis, ajoutant aux deux options de son dilemme une troisième issue: le suicide. Pendant ce temps la somme est montée de 30 000 à 50 000 florins. Entre hésitations lucides et détermination illusoire, entre indécision teintée de panique et délires exhibitionnistes, Else laisse transparaître son désir d'indépendance et d'émancipation, son désir d'être aimée et celui de mourir. Sa décision est prise. Elle se déshabille, enfile un manteau sur sa peau nue, prépare un verre contenant plusieurs doses de Véronal, (un somnifère assez efficace qui peut être mortel en cas d'overdose) et part à la recherche de Dorsday. Il écoute une pianiste dans un salon de l'hôtel. Else le voit, cherche son regard. Il n'est pas seul, mais peu importe: elle laisse tomber son manteau, rit de façon hystérique et s'écroule par terre. Paul la croit inconsciente, on la monte dans sa chambre. En réalité Else ne s'est pas évanouie: elle profite de l'absence de Paul pour boire l'intégralité du Véronal et laisse tomber le verre au sol.

A partir de ce moment, elle hallucine. Elle entend une chorale, de la musique, et elle vole accompagnée de son père.

Le lecteur ne sait pas si Else meurt ou s'endort. Telle est la fin ouverte de Fräulein Else d'Arthur Schnitzler.


Qu'en penser?

Dans cette nouvelle publiée en 1924, Arthur Schnitzler nous livre l'histoire de Mademoiselle Else sous la forme d'un monologue intérieur. Ce type d'énonciation est réellement intéressant tant du point de vue littéraire que du point de vue psychanalytique, et se montre de plus en plus judicieux au fil des pages, dans la mesure où la folie du personnage se communique au lecteur, qui ne sait pas plus que le protagoniste ce qui va advenir. Ainsi, le suspense est préservé ! L'œuvre est également très riche dans les sujets qu'elle traite et les questions qu'elle soulève: l'interprétation psychanalytique des rêves, le féminisme, les fragments autobiographiques glissés par Arthur Schnitzler,... En outre, Else devenant folle, les phrases sont de plus en plus fragmentées et courtes (parataxe), et le vocabulaire de plus en plus simple et commun, ce qui rend l'ouvrage tout-à-fait accessible dans sa langue originale, à savoir l'allemand!


Bonne lecture!



Comments


Autres articles qui pourraient vous plaire:
bottom of page