ABSTENTION GRANDISSANTE AUX ÉLECTIONS FRANÇAISE
- Susie G.
- 25 juin 2017
- 3 min de lecture
Élections présidentielles puis législatives, des isoloirs bien vides... Pourquoi ?

La première moitié de l’année 2017 aura été marquée en France par des changements politiques majeurs. D’abord la montée en puissance d’un nouveau parti, En Marche, qui a été porté par les électeurs jusqu’à l’Elysée en la personne du candidat Emmanuel Macron. Ce choix a été corroboré par les résultats des élections législatives, puisque le mouvement du Président, La République en Marche, obtient avec 308 sièges la majorité absolue. Cette majorité n’est certes pas aussi écrasante que l’annonçaient les sondages, mais elle s’impose nettement sur les autres partis, avec notamment 113 sièges pour Les Républicains ou encore 31 députés du Parti Socialiste. La France Insoumise et le Parti Communiste Français remportent 27 sièges, contre 8 pour le Front National.
Mais ces résultats sont-ils représentatifs de l’opinion des Français ? La question se pose en raison de l’abstention record, s’élevant à 25,3 % au second tour des élections présidentielles, et à 57,35 % au second tour des élections législatives. Bien plus de la moitié des électeurs ne sont pas allés voter ce dimanche 11 juin, c’est le plus fort taux d’abstention depuis 1958. Noter également que 75 % des jeunes de 18 à 25 ans se sont abstenus. Ces chiffres colossaux admettent plusieurs explications.
Retour sur les élections présidentielles, où plus d’un quart des électeurs ne se sont pas manifestés au second tour : un contexte extrêmement particulier (avec l’élimination au premier tour des candidats des deux traditionnels partis de gouvernement, à savoir Les Républicains et le Parti Socialiste) a pu conduire à une désaffectation de leur électorat, et, contrairement à l’élection de 2002, aucune mobilisation massive n’a résulté de la qualification de la candidate du Front National. Au contraire, les candidats ont été renvoyés dos à dos, notamment par les partisans de Jean-Luc Mélenchon, décrétant que le « trop libéral » programme d’Emmanuel Macron ne valait pas mieux que l’extrême droite de Marine Le Pen. Se sont donc développés un refus de choisir entre deux candidats qui ne correspondaient pas aux idées de certains électeurs et conséquemment une forte tendance à l'abstention.

Cinq semaines plus tard, les Français ont été amenés à voter les députés qui siègeront à l’Assemblée Nationale. Cette courte durée séparant les présidentielles des législatives, ajoutée à une longue séquence électorale (à partir de novembre 2016 avec les primaires de la droite), contribue à une « fatigue démocratique » des électeurs qui sont de ce fait lassés par les élections. D’autre part, le calendrier électoral favoriserait l’abstention, en ce sens que, les élections législatives ayant lieu après l’élection du Président de la République, elles sont assimilées à une simple confirmation du choix fait quelques semaines auparavant, une formalité. Par ailleurs, les événements qui ont marqués l’actualité lors de cette campagne, comme la formation du gouvernement, le rejet de l'accord de Paris sur le climat par le président Trump, ou encore l’attentat de Londres, en plus de l’affaire concernant les rémunérations de permanents du MoDem sur des contrats d’assistants parlementaires au Parlement européen, soupçons réfutés par le mouvement, ont pu détourner les citoyens de cette échéance électorale, la faisant passer au second plan.
Cette forte abstention, de plus en plus conséquente au fil des élections suite à un concours de circonstances et à un « ras le bol » des Français qui se désintéressent de la situation politique pour diverses raisons (scandales, quinquennats précédents jugés insatisfaisants,…) ajoutée aux votes blancs et nuls qui furent multipliés par quatre entre les premier et deuxième tours des législatives, représente un danger pour la démocratie : le peuple est-il toujours souverain s’il ne s’exprime pas ?
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